Le messager des dieux
Bienvenue à toi, Seigneur Corbeau ! Quelles nouvelles viens-tu me porter ? Celles du sud, là où marche l’avant garde de notre armée ? Pillant, brûlant, rasant tout ce qui se trouve sur son passage ? C’est comme un flot incessant de fer et de chair, une marée, un tsunami dévastateur.
Es-tu venu de l’ouest ? Là où depuis leurs remparts, nos voisins observent en tremblant notre progression, priant pour que nous perdions nos batailles afin que jamais nous ne venions nous poster au pied de leurs riches cités…
Arrives-tu de l’est ? Cette vaste steppe herbeuse où courent de féroces cavaliers ? Ceux-là sont nos frères. Nous avons pactisé avec eux. Ensemble, nous allons asseoir notre domination sur un vaste empire.
Réponds-moi, Seigneur Corbeau ! Peut-être viens-tu finalement du nord, d’où nous sommes descendus, après avoir serré sur nos cœurs nos épouses et nos enfants, leur promettant de revenir les couvrir d’or et de gloire…
J’ai deviné juste : ton œil pétille ! C’est bien du nord que tu es venu à tire d’aile ! Alors dis-moi : quelles nouvelles ? Pourquoi restes-tu muet à ébouriffer tes plumes ? Que vois-je sur tes pattes ? Elles sont rougies de sang… A qui appartient-il ? Est-ce celui des miens que j’ai laissés là-bas, seuls et sans protection ?
Tu t’envoles, maudit ! Ton croassement moqueur m’emplit d’angoisse. Je devrais porter mes regard vers l’avant, vers la conquête et les exploits guerriers, mais je ne fais plus que regarder en arrière, vers la douceur de mon foyer, dont ne demeurent peut-être que les cendres…
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Ce corbeau guerrier se pose les questions que doivent se poser tous les soldats en temps de guerre. Pour moi cet oiseau noir à quelque chose de sinistre